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La classification des abeilles en 2024

Les abeilles sont parmi les insectes les plus communs et les plus familiers.
Leur popularité est principalement due à une seule espèce, l’abeille domestique mellifère Apis mellifera utilisée par les apiculteurs pour produire principalement le miel.

Mais il existe en réalité des milliers d’autres espèces sauvages dans le monde.
Moins connues car ne produisant pas de miel en quantité.

L’ensemble des diverses espèces d’abeilles constitue un groupe comprenant plus de 20 000 espèces.

Comment la classification des abeilles a-t-elle évolué à travers l'histoire ?

Les progrès techniques et de la science ont permis de faire évoluer ponctuellement la classification des abeilles.

La classification des abeilles de l'Antiquité au début de l'ère moderne

Aristote (384 – 322 av. E.C.) 

Aristote buste

Aristote a jeté les bases de la classification des abeilles dans son ouvrage  » Historia animalium  » (histoire des animaux) en 343 av. E.C.

Ses observations sur les abeilles sont restées valable au Moyen Âge et à la Renaissance

Aristote a regroupé les abeilles au sein d’un genre plus large d’insectes :

Les insectes qui construisent des ruches, subdivisé en 6 genres grégaires et 3 genres solitaires.
Avec 3 castes : Rois – Faux-bourdons – Ouvrières.
Avec deux types de rois : le roi rouge (le meilleur) et le roi noir (de dimensions différentes et auxqualités moindres).

 » L’abeille ne va pas vers différentes espèces de fleurs  » :  Aristote décrit déjà le butinage exclusif d’une variété florale par les abeilles.

 » Quand les abeilles arrivent à la ruche, elles se secouent et 3 ou 4 abeilles ouvrières les accompagnent.  » : voici les premières observations de la danse des abeilles.

 » Les abeilles ouvrières collectent la cire en grimpant précipitamment jusqu’à la Brya (une partie des fleurs) avec leurs pattes antérieures  » : Aristote observe l’acte de pollinisation mais il fait ici une mauvaise déduction du comportement de l’abeille.

Pline l’Ancien – Caius Plinius Secundus (23 – 79 ap. E.C.)

Dans sa  » Naturalis Historia  » (Histoire naturelle), Pline l’ancien a approfondi la description des différentes tâches au sein de la ruche et a établi une distinction entre abeilles domestiques et sauvages.

 En 77 apr. E.C., il signale certaines ruches équipées de fenêtres en corne finement polie : les premières ruches vitrées (ruches d’observation des abeilles).

Avicenne – Ibn Sînâ (980 – 1037 ap. E.C.)

Médecin et scientifique persan du Moyen Âge dans son  » De animalibus « , a repris et enrichi la classification d’Aristote, mettant l’accent sur les critères morphologiques pour distinguer les abeilles des autres insectes.

Federico Cesi (1585 – 1630)

Portrait de Federico Cesi

 Scientifique et un naturaliste italien du début du XVIIᵉ siècle.

Avec son  » Apiarium « , a utilisé un microscope pour observer les abeilles de manière plus précise.

Il a proposé une classification dichotomique des abeilles mellifères, en tenant compte de leur mode de vie, de leur habitat, etc.

Luis MENDEZ de TORRES

Libraire et apiculteur espagnol.

Tratado breve de la cultivacion y cura de las colmenas (1586) : un traité sur la culture et l’entretien des ruches.

Pour Luis Mendez de Torres, les colonies d’abeilles possèdent une reine et non un roi, et elle seule pond des œufs.

Carl von Linné (1707 – 1778)

Portrait de Carl von Linné

Naturaliste suédois qui fondera la nomenclature moderne  » Systema Naturae «  (1753 dont la dixième version, publiée en 1758, est la plus remarquable), avec une classification des minéraux, végétaux et animaux en deux noms servant à désigner une espèce.

Ernst Haeckel (1834 – 1919)

Biologiste allemand qui inventera en 1866 le terme de  » phylogénie  » (l’étude des liens de parenté entre les êtres vivants et ceux qui ont disparu).

Représentation de liens entre espèces et au sein d’une même espèce sont représentés par un arbre phylogénétique.

Pour le tracer, on utilise la cladistique, soit l’étude des caractères semblables hérités d’un ancêtre commun.

Charles D. Michener (1918 – 2015)

En 1944, l’entomologiste américain Charles D. Michener publie la première classification phylogénétique moderne des abeilles.

Dans cette classification phylogénétique, l’abeille mellifère occupe le sommet de l’arbre.

L’hypothèse première de placer l’abeille mellifère au sommet de l’évolution des abeilles n’est certainement pas étrangère aux rapports privilégiés de cette espèce avec l’Homme.

Le genre Apis regroupe 8 espèces contemporaines alors que le genre Andrena est composé de plus de 1200 espèces.

Apis est maintenant relégué sur une branche parallèle de l’arbre évolutif des abeilles.

La classification moderne des abeilles

Les progrès techniques et la classification des abeilles

La classification des abeilles ne cesse d’évoluer, les progrès techniques en sont la principale cause.

 

La morphométrie géométrique :

Technique mise au point dans les années 70, permettant de mesurer des organes.
En apiculture, elle est utilisée afin d’identifier les différentes races d’abeilles (mandibules, langues, ailes, pattes…).

La morphométries des ailes permet de comprendre la structure des sous-espèces, l’hybridation et les stratégies de sélection chez les abeilles.

 

La démécologie :

L’écologie des populations (ou démécologie) s’intéresse à la dynamique des populations, tente de retracer les événements qui les ont touchées, et d’analyser leur évolution, leur démographie et l’adaptation à leur milieu (les espèces végétales butinées).

À partir de l’étude des écosystèmes, la démécologie renseigne sur la distribution des différentes espèces et sous-espèces dans leur environnement.

 

L’éthologie :

L’étude des comportements d’individus dans leur milieu.

L’éthologie donne quelques indices quant à la diversité des sous-espèces d’abeilles présentes dans une colonie.

On s’intéressera alors à des critères tels que la résistance du couvain et des abeilles aux maladies ou aux intempéries, la fécondité des reines, la capacité des insectes à construire les rayons et à utiliser de la propolis, etc.

 

La phylogénie :

La phylogénie ou phylogénétique moléculaire tente ainsi de retracer l’évolution des organismes vivants et leurs liens de parenté. Elle s’appuie sur la théorie selon laquelle les organismes évoluent par suite de mutations génétiques. Ces mutations se transmettent de génération en génération.

Ainsi, plus on compte de différences génétiques entre deux espèces, plus elles sont éloignées dans l’évolution.

Ainsi, il a pu être démontré que l’abeille d’Europe de l’Ouest et du Nord ressemble plus, génétiquement, à l’abeille africaine qu’aux abeilles d’Europe de l’Est (carnica, ligustica, macedonica), pourtant géographiquement plus proches.

 

Le séquençage du génome de l’abeille :

Le séquençage complet du génome de l’abeille a été traduit en 2006. C’est un consortium international, le Honeybee Genome Sequencing Consortium, regroupant 170 chercheurs de 16 pays, qui a mené à bien cette tâche.

Quelles sont les principales tendances en matière de détermination des espèces d'abeilles ?

La plupart des recherches sur la détermination des espèces d’abeilles se sont concentrées sur les abeilles mellifères. Cela est probablement dû au fait que les abeilles mellifères sont les plus importantes économiquement.

Il y a un besoin de plus de recherche sur la détermination des espèces d’abeilles en vol.
La plupart des études existantes ont porté sur l’identification des abeilles stationnaires ou dans la ruche.

Cependant, il est important d’être en mesure d’identifier les abeilles en vol pour des tâches telles que la surveillance des populations d’abeilles et l’identification des espèces envahissantes.

Les systèmes d’identification des espèces d’abeilles ont le potentiel d’améliorer considérablement les outils de comptage, de surveillance et de suivi des abeilles. Ces systèmes peuvent aider les chercheurs, les apiculteurs et les défenseurs de l’environnement à mieux comprendre et à gérer les populations d’abeilles.

Les techniques d’apprentissage profond (deeplearning)
Cette technique repose sur l’apprentissage par la machine afin qu’elle soit capable d’identifier, détecter, classer en catégories et qualifier de manière automatique les images ou les sons captés.

Utilisé pour :

  • La détection en temps réel des menaces pesant sur les ruches ;
  • La quantification de la performance d’un rucher en termes de pollinisation ;
  • Prévoir le rendement des cultures ;
  • Le comportement de la colonie ;
  • L’identification des espèces de faux-bourdons.

La classification moderne des abeilles

Les relations phylogéniques entre les familles d’abeilles sont régulièrement reconsidérées.

En 1944 (Michener), l’hypothèse traditionnelle présentait la famille des Colletidae à la base du clade des abeilles. Clade : Embranchement, groupe d’êtres vivants rassemblant à la fois un ancêtre commun et tous ses descendants.

En 2006, Les abeilles à langue courte sont alors présentées comme dérivées d’un groupe paraphylétique (regroupe une espèce ancestrale et une partie seulement de ses descendants) formé par les abeilles à langue longue et les Melittidae.
La famille des Dasypodaidae serait le groupe frère de toutes les autres abeilles.

En 2023, l’arbre phylogénique met en lumière les relations évolutives entre les différentes familles, sous-familles et tribus d’abeilles.
Les dernières études sont limitées par le manque de données pour certaines espèces et régions géographiques.

Parmi les genres mis en évidence figurent les bourdons (Bombus) qui sont l’un des taxons d’abeilles les mieux étudiés au monde ; les abeilles orchidées en partie (Euglossa), pour leur apparence colorée ; et deux des plus grands genres d’abeilles, les abeilles à sueur (Lasioglossum) et les abeilles des mines (Andrena).

La classification des abeilles en 2024

Présentation d’une infographie simple sans prendre en compte les noeuds des différentes clades.