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La classification des 7 familles d’abeilles

Suite à l’article sur la classification des abeilles en 2024 et à l’énorme travail de :

Patricia Henríquez-Piskulich, Andrew F. Hugall, Devi Stuart-Fox  – A supermatrix phylogeny of the world’s bees (Hymenoptera: Anthophila) – 2024

Je vais reprendre les 7 familles d’abeilles une à une.

Les changements de reclassification continueront probablement à se produire car des recherches supplémentaires sont nécessaires pour résoudre un genre aussi diversifié et complexe.

Le nombre annoncé des espèces n’est pas figé, car cette classification des abeilles 2024 dépend de la composition des base de données utilisées.

La classification des abeilles dans le monde :

  • 7 familles,
  • 28 sous-familles,
  • 519 genres,
  • 20123 espèces.

Ces chiffres sont issus de seulement quelques bases de données mondiales sur toutes celles existantes : le nombre d’espèces d’abeille et très certainement supérieur aux chiffres présentés dans cet article.

Des changements de reclassification continueront probablement à se produire car des recherches supplémentaires sont nécessaires pour résoudre un genre aussi diversifié et complexe que celui des abeilles.

Les choix floraux des abeilles

Une approche de type d’alimentation des abeilles est nécessaire pour comprendre la diversité des espèces d’abeilles présentes dans le monde.

Abeilles polylectiques

Les abeilles butinent une grande diversité de fleurs.
En fonction de leur durée de vie de butineuse, les abeilles peuvent se permettre de choisir le type de fleurs à butiner du printemps jusqu’en automne.

Abeilles monolectiques

Une espèce d’abeille peut exploiter le pollen d’une seule et unique espèce de plante.
Cela concerne souvent les espèces récoltant l’huile florale d’une plante en particulier ; mais cela rend cette espèce d’abeille vulnérable car dépendante de la floraison de cette espèce.

Abeilles oligolectiques

Les abeilles ne butinent que quelques espèces d’une famille florale.

Comment déterminer l'appartenance à une espèce d'abeille ?

Même si maintenant la recherche se concentre principalement sur le phylogénie moléculaire, la morphométrie géométrique est toujours utilisée lors de l’étude d’un genre ou d’une espèce.

La morphométrie géométrique nécessite de grandes connaissances de la morphologie des insectes et des capacités d’observation et nécessitant parfois l’utilisation de microscopes performants.

Quelques critères utilisés en morphométrie géométrique :

  • Le scutum (partie du corps de l’abeille située sur la partie dorsale du thorax et composée de sclérites (plaques de l’exosquelette) ;
  • Les tergites :  éléments de l’exosquelette situés sur la face dorsale (ou tergale) ;
  • Les ailes : les ailes des abeilles ouvrières sont caractérisées par 19 points de repères correspondant aux intersections des principales nervures des ailes antérieures ;
  • Le clypeus :  l’un des sclérites qui composent le  » visage  » de l’abeille ;
  • Les ocelles : les yeux simples sur la partie supérieure de la tête de l’abeille ;
  • Mésopleures : plaques de l’exosquelette du thorax ventral de l’abeille. Les autres sont la propleure (en avant) et la métapleure (en arrière) ;
  • Les antennes ;

Les différentes familles d'abeilles

Halictidae, les abeilles de la sueur

Les Halictidae sont composées de 4 sous-familles :

  • Halictinae,
  • Rophitinae,
  • Nomiinae,
  • Nomioidinae.

Avec 4400 espèces réparties en 82 genres.

Il en existe plus de 340 espèces en Europe.
Les espèces les plus communes sont Halictus et Lasioglossum.

Chez Lasioglossum et quelques Halictus on observe des comportements sociaux de différents degrés (partage de la même entrée du nid, partage de l’aménagement des cellules, partage de l’approvisionnement…

Lasioglossum

Lasioglossum marginatum, fonde une colonie avec une reine et des ouvrières.

Sphecodes
Taille : 11 à 15 mm

Les Sphecodes sont des abeilles cleptoparasites : les larves des Sphecodes se nourrissent des provisions accumulées dans les cellules du nid des autres abeilles. On les appelle aussi abeilles coucou.
Les Sphecodes s’introduisent dans le nid des espèces solitaires en l’absence du propriétaire. Sphecodes monilicornis, quant à lui, s’attaque aux nids de l’espèce sociale Lasioglossum malachurum. Il tue une par une les gardiennes pour pouvoir pénétrer dans le nid.

Halictes

Les Halictes sont terricoles et à la surface d’un terrain ensoleillé, on peu observer de nombreux petits monticules, ouvrant sur une petite dizaine de cellules à 60 cm de profondeur.

On en trouve sur tous les continents à l’exception de l’Antarctique.

Andrenidae, les abeilles des sables

Les Andrenidae sont composées de 3 sous-familles :

  • Andreninae,
  • Oxaeinae,
  • Panurginae.

Avec 2957 espèces réparties en 50 genres.

Abeilles de 6 à 10 mm.

Les Andrenidae sont des abeilles à langue courte relativement communes en Europe. On trouve facilement des espèces du genre Andrena dans les parcs et jardins et en ville.
Elles constituent une composante particulièrement importante des écosystèmes tempérés du nord et sont des pollinisateurs essentiels dans les milieux naturels et agricoles.

Les abeilles Andreninae sont apparues en Amérique du Sud au cours du Crétacé supérieur.

Leur caractère le plus distinctif est la présence de deux sutures subantennaires.
La glosse est aussi généralement très courte et pointue.

L’écologie des Andrenidae est relativement homogène : toutes les espèces nidifient dans le sol et aucune n’est cleptoparasite.  
Les femelles récoltent toutes du pollen sur leurs pattes postérieures possédant des poils très denses courbés.

Le mâle possède une houppette de poils blancs sur le dessus de la tête.

Les taux de diversification des Andrenidae ont fortement augmenté au cours des 15 derniers millions d’années, en particulier dans les genres Andrena et Perdita.

Des changements de classification se produiront probablement lors de prochaines études des andreninae pour résoudre certaines incertitudes d’un genre aussi diversifié et complexe.

Melittidae, les abeilles à culotte

Les Melittidae sont composées de 3 sous-familles :

  • Melittinae,
  • Meganomiinae,
  • Dasypodainae.

Avec 201 espèces réparties en 15 genres.

8 à 12 mm.

Les Melittidae sont des abeilles relativement rares et géographiquement limitées.
Ses abeilles ont la particularité de toutes nidifier dans le sol.
Le puit de descente vers les salles de ponte (contenant une larve chacune) peut atteindre un mètre. Ces larves ne verront le jour qu’après hivernation.

Les Melittidae se distinguent des autres espèces d’abeilles par l’oligolectisme (ne butinent que quelques espèces d’une famille florale) quelles font preuve.
Pour les rencontrer, il suffit de trouver les plantes hôtes de l’espèce.

Les Macropis récoltent l’huile du genre végétal Lysimachia pour tapisser leur nid et nourrir les larves en la mélangeant à du pollen. Le lysimaque ne produisant pas de nectar,

Elles sont présentes en Afrique, en Eurasie et en Amérique du Nord.
En Europe, on recense trois genres, les Dasypoda (abeilles à culotte ou à pantalon), les Macropis et les Melitta pour plus de 30 espèces.

Apidae, les abeilles vraies

Les Apidae sont composées de 5 sous-familles :

  • Anthophorinae,
  • Nomadinae,
  • Xylocopinae,
  • Eucerinae,
  • Apinae.

Avec 2957 espèces réparties en 50 genres.

Les Apidae comprennent les espèces les plus connues du grand public avec l’abeille mellifère et le bourdons Bombus de la sous-famille Apinae.

On trouve chez les Apidae la totalité des différents grands modes de vie des abeilles : cleptoparasitisme, parasitisme social (inquilinisme), vie solitaire, grégarisme, socialité et eusocialité.

On y trouve aussi toute la gamme de spécialisations alimentaires, de spécialiste restreint à généraliste total.

Tous les Apidae sont caractérisés par une langue longue.

C’est dans cette famille que l’on trouve la Xylocopa violacea (abeille charpentière, abeille bleue) qui est la plus grande des abeilles (2,1 à 3 cm pour 5 cm d’envergure).
Elle est impressionnante par sa taille mais surtout par son bourdonnement très bruyant. Pouvant sembler menaçants par ce bourdonnement, il n’en est rien.
Elle niche dans les souches de bois mort, dans les rebords de fenêtre, les avant-toits, les balustrades, les poteaux de clôture et d’autres structures en bois.

Megachilidae, les abeilles découpeuses

Les Megachilidae sont composées de 4 sous-familles :

  • Lithurginae,
  • Pararhophitinae,
  • Fideliinae,
  • Megachilinae.

Avec 4099 espèces réparties en 83 genres.

Il existe environ 500 espèces de Mégachilidae en Europe.

On trouve des espèces parasites et non parasites, mais il n’y a pas d’espèce sociale comme chez les Apidae.

D’un point de vue morphologique, la forme rectangulaire de leur labrum, plus long que large, est caractéristique de la famille.
Labrum des abeilles : pièce buccale faisant office de lèvre supérieure.

Leur brosse de récolte de pollen se trouve sous leur abdomen (pour les femelles non parasite) sauf pour les espèces coucous qui n’en possèdent pas (elles pondent leur œuf dans le nid d’autres espèces).
Les femelles collectent en effet leur pollen sous le métasome (la partie postérieure du corps), alors que toutes les autres abeilles d’Europe le font sur les pattes ou dans le gésier.

Les megachilidae nichent dans des terriers, des tiges creuses, du bois mort, sous des pierres, dans une coquille d’escargot.
Les chalicodomes construisent leur nid en utilisant de la boue.

Megachile pluto, l’abeille de Wallace, originaire d’indonésie est la plus grande abeille connue.
Elle peut atteindre 6 cm

Stenotritidae, les abeilles endémiques d’Australie

Les Stenotritidae sont composées d’1 sous-familles : Stenotritinae réparties en 2 genres :

  • Les Cténocolletes,
  • Les Sténotritus.

Avec 21 espèces.

12–19 mm

Les Stenotritidae sont endémiques et elles sont présentes dans toute l’Australie continentale.
Un seul genre, Stenotritus, est présent dans l’est de l’Australie.
La famille n’est pas connue en Tasmanie.

La famille des Stenotritidae est composée principalement de grandes abeilles qui volent à une vitesse remarquable.
Ce sont les seules abeilles australiennes à posséder deux sillons sous-antennaires.

Les femelles ont un dard rudimentaire et transportent le pollen à l’extérieur sur les pattes postérieures.

Les Stenotritidés sont des espèces qui nichent au sol et construisent des habitations dont la taille peut varier considérablement. Alors que certains ne mesurent que 15 cm de long, d’autres peuvent atteindre 3 mètres de profondeur permettant de s’abriter du climat chaud australien.

Cténocolletes :
Le genre Ctenocolletes est composé de dix espèces distinctes, certaines d’une beauté saisissante.
Beaucoup ont un corps essentiellement noir orné de poils allant du noir au gris, voire à l’orange vif. Elles ont souvent d’étroites bandes de poils clairs

Sténotritus :
Le genre Stenotritus représente la seconde moitié de la famille Stenotritidae, composée de 11 espèces distinctes. Ces abeilles sont connues pour leur corps volumineux et velu.

Les abeilles Stenotritus ont une préférence pour les nids peu profonds dans les terriers. Contrairement aux habitants du sable profond du genre Ctenocolletes, ces insectes optent pour un sol ferme pour construire leurs habitations. Elles sont plus largement réparties dans toute l’Australie, à l’exception des États de l’est et de l’extrême nord.

Colletidae, les abeilles à face jaune ou abeilles plâtrières

Les Colletidae sont composées de 8 sous-familles :

  • Diphaglossinae,
  • Neopasiphaeinae,
  • Callomelittinae,
  • Colletinae,
  • Scrapteninae,
  • Euryglossinae,
  • Xeromelissinae,
  • Hylaeinae.

Avec 2616 espèces réparties en 76 genres.

Les Colletidae sont principalement distribuées dans l’hémisphère sud.

La famille des abeilles à langue courte Colletidae constitue la composante majeure de la diversité des abeilles en Australie, avec trois sous-familles clés : les Neopasiphaeinae, les Hylaeinae et les Euryglossinae. Ces trois sous-familles représentent environ 53 % de toutes les espèces d’abeilles décrites en Australie.
Elles sont présentes dans tous les biomes du continent.
Les Euryglossinae sont plus spécifiques en Australie (404 espèces, soit environ 25 % de la faune d’abeilles australienne).

Il en existe environ 150 espèces en Europe : les Colletinae, avec le genre Colletes (7 à 14 mm), et les Hylaeinae, avec le genre Hylaeus (4 à 9 mm).

Les comportements de nidification des Colletidae sont variables.
Elles sont terricoles pour les Colletes, et rubicoles (nichant dans des tiges creuses) pour les Hylaeus.

La morphologie externe est assez variable.
Les Hylaeinae et les Euryglossinae ont la particularité d’être les seules abeilles dépourvues de scopae ou de corbiculae (soies spécialisées transportant le pollen sur les pattes postérieures ou sur la face inférieure du métasome, partie postérieure du corps).
Les Colletes sont des abeilles relativement velues, qui possèdent une brosse de récolte sur les pattes.
Les Hylaeus sont presque glabres et transportent le pollen dans leur jabot.

Leurs choix floraux varient de spécialiste (par exemple Colletes halophilus sur Aster tripolium) à généraliste (par exemple Colletes cunicularius).